Dans les pensées d’un garçon de mon âge refugié

C’est peu après minuit que je quitte la moto pour faire le reste du trajet à pied. Il y a trop de boues; j’irais surement plus vites à pied. Au fait, je viens de la faculté. J’admire la vue des collines en face et, un peu à gauche, j’aperçois des ampoules alignées. C’est le nouveau camp de réfugiés congolais. Plus tôt dans la journée une colonne des camions de Nations Unies amène plusieurs autres réfugiés et par hasard j’ai croisé les yeux avec ce jeune garçon. Il doit vraiment avoir mon âge. Il a l’air triste et hyper épuisé. Il supporte son menton sur ses doigts entrecroisés; j’imagine tout ce qu’il vient de faire comme trajet à l’arrière d’un camion sur un banc sans même pouvoir se pencher en arrière pour soulager son dos.

Pendant que je descends la pente vers notre maison avec le camp en vue, je me permets de voyager dans les pensées de ce garçon de mon âge.

J’ai peut être toujours rêvé de venir au Rwanda, mais pas à l’arrière d’un camion. Mon rêve était plutôt de venir étudier l’université ici, en médicine ou pharmacie. Je veux pouvoir guérir des corps et des âmes mourant à cause de la guerre, la pauvreté et tout ce qui vient avec; ou bien même être colonel. Je pensais aussi visiter ce pays qui autrefois avait ses frontières jusqu’à mon village, même beaucoup plus loin selon mon grand-père. Mes parents parlent même bien kinyarwanda, moi c’est beaucoup trop mélanger au swahili. Continue reading